L'Eglise Catholique et le Pouvoir d'Etat au Congo. Mgr Laurent Monsengwo Pasinya n'a jamais pardonné à Laurent Désiré Kabila pour avoir renversé Mobutu
Deux questions à Son Excellence Mgr Laurent Monsengwo Pasinya, Archévêque Catholique de Kisangani:
L’Archévêque Monsengwo a recemment dénoncé les irrégularités qui ont caractérisé le processus électoral mainteant en cours en République Démocratique du Congo a menacé que l’Eglise Catholique ne réconnaitrait pas les résultats les irrégularités en question ne sont pas corrigées avant le scrutin.
Au cours de sa dernière visite à Londres, Antoine Roger Lokongo, journaliste Congolais basé à Londres (alors travillant pour l’hebdomadaire The Catholic Herald), a saisi l’occasion pour interviewer Mgr Monsengwo au sujet de la guerre d’agression contre la RDC et la Conférence Nationale Souveraine qu’il a dirigée. Voici ce qu’il avait à dire:
1. ARL:
Son Excellence, quelle est votre position personelle vis-à-vis la guerre d’agression qui sévit en RDC? Je crois que nos lecteurs ic en Europe voudraient comprendre un peu plus sur les origines de la guerre, qui lutte contre qui et pourquoi et s’il y a des forces externes qui tirent les ficelles derrière cette guerre qui peut être sert à leurs intérêts?
Mgr Monsengwo:
J’ai déjà plusieures fois, donné ma position sur la guerre en RDC. Cette guerre est inutile car elle ne résout aucun problème en RDC, au Rwanda, en Ouganda, au Burundi and dans la Région des Grands Lacs en général. Voici ma prémière déclaration.
Deuxièmement, la vraie cause original de la guerre en RDC, consiste dans le fait que la communauté internationale d’une part, mais aussi la communauté nationale d’autre part, ont accepté que le pouvoir soit pris par la force en 1997 [par Laurent Désiré Kabila]. Or si vous prenez le pouvoir par la force, votre légitimité, c’est la force, c’est basée sur la force des armes. Ce qui signifie que vous êtes pas sûre que quelqu’un d’autre ne vous renverserait pas par la force. C’est la raison pour laquelle, dès le début, nous avons déclaré que la seule solution réside dans le consensus national, dans lequel tous les Congolais ensemble, le gouvernement, l’opposition non-armée et pacifique, et puis la société civile, ce que nous appellons «les forces vives», se trouveraient autour d’une table, analyser les causes de la guerre et trouver un accord consensuel sur les intitutions qui doivent régir la transition. Ce qui signifie, un président consensuel, un parlement de transition consensuel, un gouvernement de large union nationale dans le pays.
Quand nous avons ces intitutions en place, le pays sera mieux dirigé, et si le pays est mieux dirigé, nous serons à mesure d’examiner, sur base de la loi internationale et la loi nationale, d’abord, nos problèmes internes à l’intérieur du pays ( les ex-FAR, les Interahamwe…), tous les problèmes internes auxquels le gouvernement fait face seront examinés, et laors nous essayerons de trouver des solutions dans le cadre des institutions établies.
Nous examinerons aussi, dans le cadre des commissions jointes et par la voie diplomatique, les problèmes qui se posent entre nous et nos voisins.
Si nous ne suivons pas ces solutions consensuelles, le gouvernement qui est imposé par la force ne sera pas stable car il sera certainement contesté par une partie de la population. Et si le gouvernement est contesté, alors vous aurez affaire à cette partie de la population là, ce pourcentage de la population là, qui continuera à contester, parce qu’elle considère le gouvernement comme non légitime. Elle pourrait donc faire appel aux forces externes et internes pour déclencher soit une révolution, soit une rebellion. Cheminer ensemble demeure la seule solution. Il n’y a pas de problème politique qui peut être résolu sans dialogue et sans consensus. Et quand nous aurons ce consensus, nous allons préparer les élections, et laors le peuple va élire un gouvernement. Et alors grâce aux élections, le gouvernement jouira d’une légitimité qui ne peux pas être contesté car le pouvoir lui est conféré par le peuple.
2. ARL:
Le Président Laurent Désiré Kabila a qualifié la Conférence Nationale d’un fiasco, d’une distraction, d’une mise en scène dont le seul but était de prolonger la dictature de Mobutu et par conséquent la misère du peuple. C’est pourquoi il a déclenché une révolution. Ayant été vous même Président de la CNS, acceptez-vous maintenant que elle a vraiment connu un fiasco, qu’elle n’a conduit le pays nul part, principalement parcequ’elle a été mal gérée? Si tel n’est pas le cas à votre avis, qu’est ce que la CNS a finalement réaliser?
Mgr Monsengwo:
Naturellement, le Président Kabila, comme toute personne et tout Congolais a le droit de donner de la Conférence Nationale, son appréciation. Je ne pense pas que la Conférence Nationale ait fait du travail inutile. Je crois au contraire que si le Président Kabila et le groupe qui était venu renverser Mobutu s’etaient intégrés dans le consensus national qui existait à l’époque et les règles du jeux définies par la Conférence Nationale, le pays n’en serait pas là où il est maintenant. Car il n’est pas evident que l’état actuelle du pays soit celui dans lequel il se trouvait au temps de la Conférence Nationale. De d’un.
De deux, dire que la Conférence Nationale était au service de Mobutu, je ne sais pas si ce n’est pas contredit par les textes mêmes mis en place par la Conférence Nationale. Si la Conférence Nationale était au service de Mobutu, le Président Mobutu n’allait pas voir reduit constitutionellement, la plus part des pouvoirs qu’il avait et qui lui permettaient de gérer le pays à sa guise. Or il se fait justement que pendant toute l’année 1993-1994, le Président Mobutu était diplomatiquement isolé du fait des décisions de la Conférence Nationale et de leur gestion. En 1995 mêmement, le Président Mobutu n’avait plus, je dirais, l’ensemble des pouvoirs qu’il avait. Il est vrai qu’il n’a pas toujours respecté la Constitution, mais la Constitution de la Conférence Nationale avait énormement reduit les pouvoirs de Mobutu. Et si la classe politique avait été conséquente, les choses auraient mieux avancées. Mais apprendre la démocratie après 32 ans de dictature, ce n’etait pas facile, ce qui fait comprendre les difficultés que certains hommes politiques ont eu à appliquer la Conférence Nationale.
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